Chômage : les arrêts maladie, sont-ils comptabilisés ?

Chômage : les arrêts maladie, sont-ils comptabilisés ?

L’équilibre est fragile : d’un côté, la maladie impose un temps d’arrêt, de l’autre, la recherche d’emploi s’apparente à une course d’obstacles. Entre deux courriers – l’un prescrit le repos, l’autre rappelle à l’ordre – la frontière s’efface. Faut-il considérer l’arrêt maladie comme une simple parenthèse dans la vie d’un demandeur d’emploi… ou comme une pièce du puzzle statistique du chômage ? La réponse se cache dans les méandres administratifs, là où chaque absence a un prix, mais pas toujours une visibilité.

Ce jeu d’équilibriste entre santé et emploi façonne le quotidien de milliers de personnes. À partir de quand une absence pour raison médicale devient-elle invisible dans les bilans officiels ? Derrière les chiffres, des vies en suspens, parfois égarées dans la complexité des démarches.

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Chômage et arrêt maladie : ce que prévoit la loi

Le croisement entre chômage et arrêt maladie ressemble à un chantier réglementaire où chaque rouage compte. Lorsqu’un demandeur d’emploi tombe malade, l’engrenage administratif s’active : France Travail (anciennement Pôle emploi) met en pause le versement de l’allocation chômage pour laisser place aux indemnités journalières versées par l’assurance maladie.

Concrètement, voici comment les choses se déroulent :

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  • Le demandeur d’emploi en arrêt maladie doit prévenir à la fois France Travail et sa caisse primaire d’assurance maladie.
  • Pendant toute la durée de l’arrêt de travail, le versement des allocations chômage s’interrompt ; c’est la sécu qui prend alors le relais en versant les indemnités journalières.
  • Une fois l’arrêt terminé, il faut se réinscrire auprès de France Travail pour retrouver ses droits aux allocations chômage.

La séparation est nette : indemnisation chômage d’un côté, indemnisation maladie de l’autre. Ce cloisonnement évite les doublons, mais il soulève une question : où sont passés les malades dans les statistiques ? Dès le passage en arrêt maladie, ils disparaissent temporairement des chiffres officiels du chômage, car ils ne sont plus considérés comme « actifs disponibles ».

L’articulation entre France Travail et la sécu garantit une continuité des ressources, tout en maintenant une distinction stricte des statuts. Pas de place pour l’improvisation : chaque situation trouve sa case, chaque droit évolue selon le calendrier administratif.

Les arrêts maladie : impact sur vos droits au chômage

Le calcul des droits au chômage repose sur les périodes réellement travaillées et les salaires perçus. Lorsqu’un arrêt maladie intervient avant ou pendant l’inscription à France Travail, la règle change : ce temps d’absence n’est pas reconnu comme du travail effectif, mais il existe des cas où la période peut être « neutralisée » ou « retenue » dans certains calculs.

Le plus souvent, l’arrêt maladie suspend le contrat de travail sans générer de nouveaux droits à l’allocation chômage. Seul le temps réellement travaillé avant l’arrêt compte pour définir :

  • La durée d’indemnisation, liée à l’ancienneté d’affiliation
  • Le salaire journalier de référence (SAR), utilisé pour calculer le montant de l’allocation

Les indemnités journalières de la sécurité sociale n’ouvrent pas de nouveaux droits, mais elles ne les effacent pas non plus. Pour les arrêts maladie dépassant quinze jours, une neutralisation de la période est parfois possible, préservant ainsi la durée d’indemnisation acquise.

Quant au montant de l’allocation chômage : seules les rémunérations brutes versées avant l’arrêt sont prises en compte pour le calcul du SAR. Les indemnités maladie, elles, restent en dehors de l’équation. Le montage du dossier exige donc attention et précision, car chaque configuration présente ses propres subtilités, selon la durée de l’arrêt et le statut du demandeur d’emploi.

Conséquences concrètes sur l’indemnisation et la durée d’allocation

Un arrêt maladie peut bouleverser le calendrier et le montant de l’allocation chômage. Deux paramètres principaux sont alors en jeu : la durée d’indemnisation et le montant versé.

Dès que l’arrêt met fin au contrat de travail, la période concernée n’ouvre pas de nouveaux droits chez France Travail. Mais le système prévoit des ajustements :

  • La période d’arrêt peut être neutralisée, c’est-à-dire qu’elle ne compte ni dans la durée d’affiliation requise, ni dans la réduction du temps d’indemnisation déjà acquis.
  • Le montant de l’allocation reste basé sur les revenus perçus avant l’arrêt ; les indemnités journalières n’entrent jamais dans le calcul.

Un salarié en arrêt maladie de longue durée verra donc la fin de son indemnisation reportée, mais le montant de ses allocations restera identique à ce qu’il aurait touché sans interruption. L’allocation suit la logique de l’emploi antérieur ; la maladie, elle, s’inscrit en marge du calcul.

Attention aux situations mêlant arrêt maladie et rupture du contrat. Si l’arrêt déborde sur la fin du contrat, les indemnités journalières prennent le relais, suspendant temporairement les droits à l’allocation chômage. Ceux-ci ne reprennent qu’au terme de l’arrêt, une fois la capacité de recherche d’emploi retrouvée.

arrêt maladie

Cas particuliers et exceptions à connaître

Le régime général regorge de subtilités qui influencent la façon dont les arrêts maladie impactent les droits au chômage. Plusieurs exceptions viennent bousculer la règle :

  • Le congé maternité et le congé paternité sont considérés comme des périodes d’activité à part entière. Ces interruptions n’altèrent ni l’ancienneté, ni le calcul des droits à l’allocation chômage.
  • Le congé parental, lui, impose une suspension des droits. Seules les périodes travaillées avant ou après ce congé sont prises en compte par France Travail.
  • En cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle débouchant sur une rente, la règle change : la rente n’est pas assimilée à un salaire. Seule la rupture du contrat permet alors d’ouvrir des droits au chômage.

Les affiliés à la MSA (Mutualité sociale agricole) suivent des règles proches, tandis que les titulaires d’une pension d’invalidité doivent prouver leur capacité à chercher un emploi pour obtenir l’allocation.

Quant à la mobilité volontaire sécurisée, au congé sabbatique ou au congé sans solde, ils n’ouvrent droit à aucune indemnisation chômage. Seule la reprise d’un emploi salarié permet de recharger ses droits après ces parenthèses.

Chaque dossier raconte une histoire distincte, où France Travail scrute l’historique professionnel, les arrêts, les allocations perçues. Un millefeuille administratif qui fait de chaque situation un cas à part.

Dans ce labyrinthe de règles et d’exceptions, la ligne de partage entre maladie et chômage se trace au scalpel. Tantôt visible, tantôt effacée, elle conditionne le quotidien de milliers de personnes. Et pendant que les chiffres continuent d’alimenter les bilans nationaux, la réalité, elle, s’écrit entre parenthèses.